Entretien exclusif avec Kily Gonzalez par Hector Gomez

Pour finir cette année 2018, Valencia Sports est fier de vous offrir un cadeau exceptionnel. Voici la première partie de l’entretien exceptionnel de Kily Gonzalez réalisé par notre confrère Hector Gomez pour Tribuna Deportiva. Nous vous livrerons la seconde et dernière partie le 31 décembre.
Héctor Gómez: Kily gonzalez bonjour
Kily: Bonjour
Héctor Gómez: Je suppose que chaque fois que tu viens à Valence, il y a beaucoup d’émotion. Ici, tu dois avoir beaucoup de souvenirs.
Kily: Pour moi Valence est spécial, pas seulement le club, mais aussi la ville, je le répète souvent. J’ai vécu ici parmi les meilleurs moments de ma vie sur le plan sportif et personnel. Hier quand je suis entré dans le stade et que plus de 3000 personnes étaient là à crier “Kily Kily”, j’ai commencé à me rappeler tous ces moments uniques. Je suis chanceux parce que tous les joueurs n’ont pas la chance de vivre ce que j’ai vécu et de recevoir tout le soutien et l’amour que je reçois. Encore aujourd’hui quand je rencontre des gens dans la rue on me demande des photos, je reçois vraiment beaucoup d’affection. Je continue d’ailleurs de venir ici. Valence c’est unique, indescriptible. Hier je me suis mis un peu à l’écart du groupe après l’évènement et en regardant le stade je me suis souvenu de tous ces moments fantastiques vécus ici. C’est une aficion vraiment spéciale.
Héctor Gómez: J’imagine que dans ta tête tu penses souvent au chant ” Kily Kily ».
Kily: J’ai une anecdote. J’étais en Argentine, je regardais la télévision, un documentaire sur Andres Calamaro (artiste rock argentin), et il racontait une anecdote durant un concert ou 5000 personnes lui avaient chanté joyeux anniversaire. Et dans ma tête je me disais « mais toi c’est 55 000 qui chantaient ton nom ». Que c’est fort ! Ce genre de choses, les gens qui chantent ton nom, c’est unique et pour toujours et c’est pour ça que j’aurai toujours Valence dans mon cœur.
“C’était une équipe quasiment imbattable avec Beckham, Raul, Zidane, Carlos et compagnie, mais on a démontré que malgré les grands noms, avec l’attitude, l’envie, l’humilité, la force et le sens du sacrifice, nous l’avons fait.”
Héctor Gómez: Kily, te souviens-tu quand tu étais à Saragosse et que valence t’as appelé un été , il me semble, et que tu as débuté au Camp Nou un match de supercoupe ? Quels en sont tes souvenirs ?
Kily: Nous avions gagné la supercoupe ici en faisant match nul 3-3. Je vais te dire la vérité, je venais déjà avant en vacances à valence en voiture quand je jouais à Saragosse. Saragosse n’était pas dans un grand moment sportif et quand j’avais un jour de libre, je venais ici en voiture, juste pour découvrir la ville. Et regarde ce que fait le destin, quelque temps plus tard, je jouais ici. C’était le dernier jour de la présaison avec Saragosse, j’étais aux Pays-Bas. Mon agent, un ami, m’avait dit que Valence me voulait. Imagine pour moi ce que c’était. À l’époque, il y avait le Piojo (Claudio Lopez) ici qui était un bon ami à moi, et nous avions parlé ensemble en Argentine : « viens à Valence, tu vas voir la ville, l’aficion, c’est incroyable ». Même si je savais déjà ce que c’était de jouer à Mestalla avec Saragosse. Il y avait un problème de commission entre agents, mais j’ai finalement signé à 23h30. Le lendemain, je passais la visite médicale et j’étais là pour la présentation de l’équipe.
Héctor Gómez: De tout ton passage à Valence, je suppose qu’on va parler de la Liga que tu as gagnée en 2002. Ici cette Liga fut comme une libération, 31 ans après la dernière victoire et juste après avoir perdu deux finales de champions league…
Kily: Pour moi gagner cette Liga, même si nous avions gagné la Copa del Rey et la supercoupe en 99, c’était quelque chose de spécial parce que les gens et le club ici avaient besoin de gagner une liga. Et je pense que le petit plus était aussi de la gagner face aux “galactiques” du Real Madrid. C’était une équipe quasiment imbattable avec Beckham, Raul, Zidane, Carlos et compagnie, mais on a démontré que malgré les grands noms, avec l’attitude, l’envie, l’humilité, la force et le sens du sacrifice, nous l’avons fait.
“Quand on jouait à Mestalla avec le stade plein, c’était un plus, on savait que nous n’avions pas le droit à l’erreur. On ne pouvait rien “offrir aux adversaires”
Héctor Gómez: Et la qualité !! Vous étiez une équipe incroyable!
Kily: On savait quelles qualités et quelle attitude on devait avoir, comme je dis à mes joueurs que j’entraine à Rosario en Argentine, l’attitude est non-négociable. Cela fait partie de la vie quotidienne, toi dans ton travail, tu dois être irréprochable. Le plus important dans la vie c’est la santé, le reste est secondaire. Quand on jouait à Mestalla avec le stade plein, c’était un plus, on savait que nous n’avions pas le droit à l’erreur. On ne pouvait rien “offrir aux adversaires”.

Légende du Valencia CF, Kily Gonzalez était un joueur exceptionnel, doté d’un caractère hors du commun. Il demeure dans l’esprit des supporters comme l’un des symboles des années glorieuses du club. Ici avec l’équipe vice championne d’Europe en 2001. Crédits photo/las provincias
Héctor Gómez: Tu te souviens de cette fameuse célébration de la Liga qui se gagne face à Malaga et Ayala qui demande du calme à ses joueurs, tu te rappelles ce jour ?
Kily: Il était impossible d’avoir du calme ce jour-là ! Mais je pense que pour moi le match le plus important s’est joué la journée précédente face à l’Espanyol, nous avions notre destin entre nos mains, mais Carboni a été expulsé, on perd 0-1 et penalty pour eux… ce jour-là, on a vraiment montré ce que nous avions dans le ventre.
“Il ne faut pas oublier que ce club a été le meilleur club du monde ! Le Valencia CF a beaucoup d’histoire ! Et ça, il ne faut pas l’oublier”
Héctor Gómez: Kily, tu te souviens du discours de l’entraineur à la mi-temps ? Car en 2e mi-temps, l’équipe revient sur le terrain avec une image complètement différente..
Kily: Moi j’étais sur le banc de touche ce match-là… et je m’en souviendrai toute ma vie ! je m’en rappelle, car le stade clamait mon nom. Quand je suis rentré, les deux buts sont venus de mon côté. Nous avions la conviction que nous ne pouvions pas échouer devant nos supporters. Ce jour-là, le Real Madrid était en train de perdre face à la Real Sociedad, la Liga était presque à nous… nous n’avions pas le droit de la laisser nous passer sous le nez.
Héctor Gómez: Si tu pouvais faire machine arrière et retourner dans le bus le jour de la célébration de la Liga…
Kily: Ouf… ce jour-là il pleuvait des cordes… mais je m’en foutais, j’ai eu la chance de pouvoir vivre ce moment, être footballeur n’est pas donné à tout le monde. Quand tu vois les visages des gens quand ils te regardent et te disent “merci!”… Mais merci de quoi ?! Merci à vous ! Nous ne sommes pas différents de vous… nous ne sommes juste des footballeurs rien de plus. Il est vrai que je suis parti à l’Inter, un grand club en Italie, en Argentine à Rosario, mais mon étape à Valence demeure unique… cela restera à vie dans ma mémoire. Hier, je parlais de l’actualité du club avec des amis, car il est vrai qu’en ce moment l’équipe n’est pas dans sa meilleure période. Il ne faut pas oublier que ce club a été le meilleur club du monde ! Le Valencia CF a beaucoup d’histoire ! Et ça, il ne faut pas l’oublier.
“Comment est-ce possible qu’un joueur vienne à Valence dans l’optique d’y faire tremplin pour la suite ?”
Héctor Gómez: Et c’est dur à assumer ?
Kily: bien sûr ! Mais il faut être prêt, quand tu viens àValence tu dois savoir où tu mets les pieds, jouer à Valence n’est pas donné à tout le monde. Tout le monde aime gagner, nous aussi nous sommes passés par des moments difficiles, mais c’est à ce moment-là qu’il faut tout donner et montrer ce que tu as dans le ventre, car le Valence te l’exige.
Héctor Gómez: À votre époque quand vous veniez à Valence vous voyiez le Valencia CF comme un grand club et potentiellement votre dernière étape, aujourd’hui le concept a changé, maintenant les joueurs viennent à Valence comme tremplin pour signer dans un grand club d’Europe.
Kily: Et cela « m’emmerde » tellement ! Ça me blesse ,moi le Real Madrid et le Fc Barcelona je n’en voulais pas, le Valence est un grand club et l’histoire du club est là, personne n’est plus important que le club. Comment est-ce possible qu’un joueur vienne à Valence dans l’optique d’y faire tremplin pour la suite ? Le club ne devrait pas l’accepter, ici tu dois venir pour gagner des titres et gagner chaque match.
Héctor Gómez: Ton discours devrait être le même en interne dans le club…
Kily: bien sûr. Moi depuis l’extérieur, je regarde tous les matchs et l’équipe n’est pas mauvaise, les résultats nous diront si l’équipe est bonne ou pas, mais une chose est certaine, le Valencia CF ne peut pas être 14e. On se fout de la gueule de qui là ?
Héctor Gómez : Je voulais te demander concernant les finales de Ligue des Champions, surtout la première, quelle malchance que tu te blesses la veille…
Kily: Quand tu fais du football ton métier et que tu te blesses la veille d’une finale, je pense qu’il n’y a pas pire pour un professionnel. Le jour du match, durant le trajet, un ami à moi me disait “avec toi blessé on ne gagnera jamais la finale ” je n’étais pas d’accord. Ce jour la ça m’a fait tellement “chier » de me blesser lors d’un entrainement de 20 minutes, c’était un simple entrainement de finition devant le but imagines-toi. Le soir même j’ai dû me faire infiltrer à trois reprises, le match je l’ai joué, mais j’étais très limité. J’avais une distension des ligaments, mais je voulais jouer je ne pouvais pas perdre une finale de ligue des champions avec Valence. Je n’aurais peut-être pas dû jouer le match, mais l’envie était beaucoup trop forte, cette finale a était une énorme déception pour te dire je n’ai jamais rien revu de cette final ni lu un article.
Héctor Gómez: Et celle de Milan face au Bayern non plus?
Kily: Non, non! Aucune des deux. Je n’ai jamais pu, rien que d’y penser je ressens tellement de tristesse et je pense à tellement de petits détails qui auraient pu changer le match, par exemple, lors de séance de penalties Hector Cuper ne voulais pas je sois dans les 5 premiers tireurs, car en championnat je venais de rater un penalty face au Celta Vigo. Je disais au coach “Je veux tirer le penalty je le sens » et Cuper était décidé, il ne voulait pas! Pour finir, j’ai tiré le 6e penalty. Imagine-toi tous les petits détails qui peuvent décider le sort d’une finale.
Suite et fin le 31 décembre…
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