Liga / Bordalas-Meriton, les raisons de la “Guerre Froide” à Valence

José Bordalas n’est pas content de la situation à Valence. Après des premiers mois plutôt en symbiose avec Meriton, le technicien du Valencia CF commence petit à petit à déchanter. Voici ce qu’a pu savoir Valencia-Sports sur le sujet.
La Guerre Froide est de retour. Et elle se passe à Valence, aux bords de la Méditerranée. Après l’opposition des idéologies, place à une bataille semblable entre Meriton, la holding de Singapour de Peter Lim gérant le club et José Bordalas, entraîneur déçu. Cela n’a échappé à personne, le technicien du Valencia CF a totalement changé d’attitude depuis quelques semaines et Valencia-Sports a pu en avoir la confirmation de sources proches du club.
S’il a réussi à garder intact son rapport avec ses joueurs, tout en restant très exigeant avec eux, le technicien né à Alicante n’est plus tout à fait le même dans ses rapports hiérarchiques et au quotidien, notamment lors de ses conférences de presse où il est apparu plus cynique et frustré d’une situation qu’il juge ubuesque.
En mode cocotte-minute, l’ancien entraîneur d’Elche et Getafe, spécialiste des reconstructions et montées en première division depuis une décennie, commence à perdre patience avec le mode de fonctionnement du VCF, son club, le club de sa région natale. Après quelques mois en mode “tous ensemble”, la réalité l’a rattrapé par le col. Pourtant, il avait mené son enquête concernant le fonctionnement de Valence sous Lim-Murthy avant de signer en mai 2021.
Après un début de collaboration fructueux avec Anil Murthy et le chef du scouting Miguel Angel Corona, notamment lors du mercato estival auquel il avait eu son mot à dire, celui qui s’était décrit lors de sa présentation comme quelqu’un de toujours optimiste a commencé à déchanter à partir de novembre. En cause, une pile de choses et non le seul mercato hivernal.
José Bordalas : “On verra si tout se passe bien et si les recrues arrivent. Car on a beaucoup d’absents et beaucoup de jeunes dans le groupe. On doit être vigilants avec ça pour ne pas finir avec une composition invalide.”
— Valencia-Sports (@Vlc_Sports) January 16, 2022
Une drôle de colère à Majorque
Palma de Majorque, Baléares. Quelques minutes après une qualification sérieuse pour les quarts de finale de la Copa del Rey après un succès sur la pelouse du CD Atlético Baleares, José Bordalas passe devant les micros de manière express, soit environ 2’30”. Il enchaîne les réponses concises, mais surtout il se retient de faire une analyse technique du match. Une prestation qu’il n’a pas du tout aimé. Sans survoler les débats, son Valence a pourtant été sérieux face au pensionnaire de troisième division, tombeur de deux équipes de Liga aux tours précédents.
Ambiance : “La seule chose que je vais retenir c’est la qualification et la victoire. Je ne ferai pas une analyse de ce match aujourd’hui“. Puis un : “Je n’ai pas aimé le match. Je préfère me contenter seulement du résultat et cela ira comme ça“, pour conclure.
Selon nos informations, ces propos un peu secs étaient dû à une frustration d’ensemble, plus qu’à une colère concernant le niveau de son équipe. L’Alicantino a d’ailleurs eu une discussion à ce sujet avec ces hommes afin de les rassurer.
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— Valencia CF (@valenciacf) January 17, 2022
Le cas Diawara et le mercato
Si José Bordalas a eu cette réaction, c’est que le cas Amadou Diawara est venu à ses oreilles quelques heures avant le huitième de finale de Coupe. Selon Radio Marca, Bordalas a en effet appris par voie de presse que Valence avait commencé à passer à l’action de manière sérieuse pour la venue en prêt du milieu de terrain de l’AS Roma. Hors, il avait refusé le profil de l’ancien joueur du Napoli, quasi inexistant depuis l’arrivée de José Mourinho à la Louve.
La colère de José Bordalas semble dépasser le cadre du simple choix technique, même s’il a enchaîné les refus depuis l’été dernier pour renforcer le milieu de terrain (Florentino Luis, Gonzalo Villar entre autres) ne pensant qu’à signer Mauro Arambarri, son soldat à Getafe. C’est tout le fonctionnement du club dans son ensemble et son travail assez pauvre sur le mercato qui lui déplaît.
José Bordalas : “Je ne suis au courant de rien concernant Diawara. C’est une information qui est sortie et c’est une option de plus.”
— Valencia-Sports (@Vlc_Sports) January 16, 2022
Si Miguel Angel Corona fait son boulot de scout, c’est-à-dire cibler des joueurs qui entrent dans les paramètres économiques de club, il n’a pas les prérogatives du directeur sportif, celles-ci appartenant à Anil Murthy depuis le départ officiel de Mateu Alemany à l’automne 2019. Difficile de faire tourner la machine normalement, notamment en ce qui concerne le travail portant sur la saison prochaine. A l’heure actuelle, Valence n’a récupéré aucun joueur en fin de contrat et susceptible de changer de crèmerie.
Conséquence, il a dû lui-même décrocher son téléphone pour contacter Aridane, son choix n°1 pour renforcer le secteur défensif. Ce n’est qu’après que Corona a contacté Braulio Vazquez, l’ancien DS de Valence époque Manuel Llorente, pour demander les conditions d’un départ. En ce sens, Osasuna a demandé la somme de 5 millions d’euros pour son stoppeur canarien. A l’heure actuelle, c’est une opération impossible à concrétiser. Peter Lim a ordonné de ne faire que des prêts gratuits sans option d’achat, comme lors du mercato hivernal 2021.
Pas de rencontre avec Lim, le docteur Lopez Mateu pose problème
Deux autres épines restent dans la chaussure du barbu à lunette. La première remonte au mois de novembre quand il a appris l’annulation de son voyage à Singapour pour officiellement des raisons sanitaires. Problème, la promesse d’une réunion en numérique n’a également pas été tenue, Peter Lim restant un homme à l’agenda mystérieux. Plus probable : un propriétaire difficile à atteindre. En conférence de presse, Bordalas a confirmé qu’il était toujours enclin à rencontrer le grand patron.
Le dernier point de friction concerne un certain Pedro Lopez Mateu. On ne vous présente le chef du secteur médical du Valencia CF, recruté à grands coups de billets par Anil Murthy à la rentrée 2019. Confirmé dans ses fonctions au fil du temps, malgré de gros problèmes relationnels avec les joueurs, dont beaucoup sont désormais partis, le praticien s’est mis à dos José Bordalas et tout le staff technique de celui-ci.
En cause, des erreurs de diagnostic et des programmes de reprise douteux pour les joueurs, énormément impactés par les blessures et surtout – c’est le gros problème – victimes de rechutes. Thierry Correia, Toni Lato et Gabriel Paulista, le plus gros cas du vestiaire, ont été assujetti à ces rechutes après avoir soigné des blessures musculaires. Interrogé en conférence de presse sur des démarches pour consulter des médecins externes au club, José Bordalas a indiqué qu’il n’avait aucun soucis avec cela.
Pour rappel, le docteur Antonio Maestro, rattaché à Valence sous l’ère Marcelino, avait continué à prendre en charge des joueurs malgré le départ de l’Asturien en septembre 2019. Ezequiel Garay était parti à Gijón pour opérer son genou en février 2020. En mai 2020, Cristiano Piccini avait fait reconstruire son genou par l’Asturien après un énorme impact avec un coéquipier lors d’un entraînement. L’Italien a récemment raconté cette anecdote avant de quitter Valence. Maestro l’avait opéré après sa fracture de la rotule survenue à Vigo en août 2019.
Revenons à José Bordalas. La fin du mercato hivernal sera à scruter de près du côté de Valence. A l’automne, Anil Murthy lui avait fait la promesse de faire partir des joueurs indésirables (Manu Vallejo, Alex Blanco, Jason, Cristiano Piccini, Cristian Rivero) et lui intégrer des joueurs dès le premier jour de mercato. Quinze jours après la date d’ouverture des enregistrements auprès de la Liga, aucune recrue n’est là, le consensus n’est pas là et la fracture grandit peu à peu. S’il ne devrait pas y avoir de départ anticipé, voir la relation entre le Meriton de Valence et Bordalas retrouver de sa superbe relève de l’utopie.
Alexandre COIQUIL avec Michel CAMPOS
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