Liga, saison 2022/2023 – Gattuso, un lion au chevet de Valence : “Il va toujours être là pour ses joueurs”

A peine arrivé, le nouvel entraîneur du Valencia CF séduit déjà son monde au sein du club du Turia. Le stage de pré-saison à Saint-Gall a permis à Valencia-Sports d’en savoir plus sur la patte Gattuso et son intégration express dans le contexte VCF.
“Vous êtes un lion ou un petit chat ?”
“Et toi, tu penses que je suis quoi ? Ce que tu penses, garde-le dans un coin de ta tête. Et dans un mois ou deux, on va parler de ça. On ira prendre un café et on va discuter.”
Le 10 juin dernier, lors de sa présentation comme nouvel entraîneur du Valencia CF, Gennaro Gattuso avait gardé son calme face à une question bien étrange, un peu sortie de nulle part au milieu d’une conférence de presse très dense. Mais nul doute qu’il n’avait pas trop goûté à ce jeu de mots avec son nom. Ce n’était ni l’endroit, ni le moment de plaisanter et il l’a fait savoir avec sa diplomatie musclée.
Car Gennaro Gattuso, c’est du concret. Il n’est pas venu à Valence pour profiter de la ville, ou pour prendre du bon temps, mais pour bosser et bosser dur. Il n’en fallait pas plus pour présenter le personnage : une boule d’énergie imprévisible. Ce caractère fait aussi de lui un personnage attachant.
L’Italien a déjà conquis le club
Joueur au tempérament volcanique, un peu borderline par moment en plein coeur des années 2000 – En 2005/2006, Paolo Maldini le sermonna de ne pas condamner l’excellent match de ses coéquipiers en plein AC Milan – Juventus, alors que l’ancien n°8, commençait à perdre les pédales avec Pavel Nedved, puis un peu tous les autres joueurs de la Juve – l’ancien international italien n’est jamais passé inaperçu sur les terrains d’Europe. Son passage en tant qu’entraîneur n’a rien changé à cela, même si, forcément, il a mis un peu d’eau dans son chianti.
C’est désormais tout un club qui apprend à faire connaissance avec Gennaro Gattuso. Officiellement aux commandes depuis début juin – début juillet, l’Italien a déjà conquis tout Paterna par son leadership, sa poigne et ses idées de jeu bien fortes. Oubliez le milieu défensif lutteur acharné, bonjour l’esthétisme et le jeu. L’effectif du VCF a découvert un Gattuso amoureux du ballon, du jeu, des passes, de la relance propre. Un guerrier hier, un philosophe du football aujourd’hui.
Le moins que l’on puisse dire c’est que l’alchimie s’est faite. Avec les joueurs surtout, qui avaient besoin d’un technicien plus protecteur après les expériences avec Javi Gracia et José Bordalas. Si le second avait tiré le maximum de son groupe la saison dernière, il s’était aussi perdu à commenter la qualité de l’effectif après des soirs de déception, et pris trop à cœur le mercato.
Pour certains joueurs, l’Alicantino n’avait pas été le technicien qu’ils recherchaient. Pour Gattuso, forcément, tout est rose, tout va bien. Il est l’homme parfait, le technicien du changement, c’est maintenant. Il entre dans ses 100 jours et devra les dépasser. C’est le plus difficile.
Le show Gattuso à l’entraînement
Présent à Saint-Gall pendant deux journées, Valencia-Sports a pu voir la méthode Gattuso en direct. Ouverts à la presse quelques temps, les entraînements du nouveau mister ont réservé de belles surprises sonores et permis de découvrir le management et les préceptes de jeu de l’ancien joueur du Grand Milan version moderne.
Gattuso a lancé le premier entraînement du stage par un bon gros coup de gueule. Prenant tout le monde de court, le Transalpin a fichu toutes les personnes sans crampons en dehors de la pelouse. Exit donc les journalistes, tous les employés du club et les quelques membres de la direction : “Je travaille, ici c’est pas la fête, on est là pour travailler !”
Gennaro Gattuso a insisté sur plusieurs points lors de ses séances. Déjà sur le physique. Les joueurs du VCF ont pris le tarif en mode sans ballon, une vraie préparation physique à l’italienne, dès qu’ils ont rechaussé les crampons après une coupure d’un mois. Une prépa à l’ancienne.
Tout le monde sans exception en a bavé à Paterna. Idem à Saint-Gall, même si le ballon est revenu au centre des débats. En Suisse, Gattuso a insisté sur la communication sur le terrain. Comment se comporte t-il sur le terrain ? Il est tout aussi proche de ses hommes que lorsqu’il était joueur. Mieux, même, il ne les lâche pas. C’est du “All inclusive” avec lui.
Commentant souvent les faits et gestes des siens – souvent à base de ‘Buena ! Buena !’ – l’Italien n’a laissé personne au bord du chemin. Ni les joueurs annoncés sur le départ – Gonçalo Guedes, Carlos Soler et José Gaya tous motivés comme jamais – et surtout pas les jeunes montés du Mestalla. Même en mélangeant italien et espagnol, tout le monde se comprend. Quand il vous dit en hispano-italien : “Cazzo la puta que te parió“, en général vous comprenez le message.
Il a trouvé une équipe qui avait peur de jouer et il a changé cette idée
La méthode Gattuso, c’est Samu Castillejo qui la résume bien. L’Andalou a connu le technicien à l’AC Milan avant de le retrouver ces derniers jours. Après le succès face à Dortmund lors du premier match amical de la pré-saison (1-3), la recrue estivale a vanté la méthode “Rino” devant la presse de Valence.
“Le mister est quelqu’un de particulier, que ce soit dans sa manière de travailler, de crier, d’être sur le dos du joueur pendant 90 minutes. On est jeunes et c’est ce dont on a besoin. C’est le premier qui va te mettre une bronca quand tu ne fais pas les choses bien. Mais dans les mauvais moments, il va toujours être là pour ses joueurs, comme il le fait toujours.”
Quant aux principes, Castillejo est clair : Gattuso est venu pour remettre un peu de jeu après trois dernières saisons compliquées dans ce registre. “Le travail que met en place le mister c’est de repartir depuis l’arrière. C’est sa mentalité. Quand il est arrivé ici, il a trouvé une équipe qui avait peur de jouer et il a changé cette idée. Dans cet effectif, il y a de très bons joueurs, qui ont de la qualité.”
La conquête d’Ochotorena
Gattuso c’est aussi un management qui dépasse le cadre de ses joueurs. Il a débarqué à Valence avec son propre staff technique, dont un entraîneur des gardiens, Roberto Peronne avec qui il avait travaillé à Naples. Ni une, ni deux, la peur de voir José Manuel Ochotorena partir du club a traversé l’esprit de beaucoup il y a deux mois.
Présent à Valence depuis le milieu des années 2000, le Basque, considéré comme le meilleur entraîneur des gardiens d’Espagne et d’Europe, fait partie des meubles de la Ciutat Deportiva. Sauf que l’une des premières actions de Gattuso à Paterna a été d’aller voir Ochotorena et lui dire yeux dans les yeux : “Tu es le pilier de mon équipe.”
A Saint-Gall, la façon de travailler a été limpide. Le boss chez les gardiens reste José Manuel Ochotorena. C’est lui qui prépare l’intégralité des sessions, les exercices spécifiques et supervise l’ensemble du secteur.
Le technicien de 61 ans a dirigé les premières parties d’entraînement matinales, avant de laisser Peronne prendre le relais pour les sessions de soirées. Du 50-50, mais avec ce sentiment qui prédomine, l’ancien gardien est une pièce déterminante de l’équipe technique, un relais entre passé, présent et futur, ce qui est important à Valence.
Unique Espagnol au sein du staff technique, Ochoterena était le premier test de “valencianismo” pour Gattuso. Et celui-ci a été réalisé haut la main. Une longue saison attend l’Italien, mais ses débuts sont ceux d’une personne qui a compris où il mettait les pieds, ne serait-ce que pour la partie football.
Oui, il n’est pas parfait, mais sa méthode plait, comme elle avait plu à beaucoup à Milan, puis surtout à Naples où il avait remporté une Coppa Italia avec un club explosif et tout aussi auto-destructeur que le VCF. Pourvu que ça dure.
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Ça bosse dur chez les gardiens aussi. 👍🦇⚽️ (📸 @MichelCampos91) #AmuntValencia pic.twitter.com/2FtHtbcbli
— Valencia-Sports (@Vlc_Sports) July 16, 2022
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