Mercato : Maxi Gómez, récit d’un thriller estival

Valence a annoncé, dimanche 14 juillet, le transfert de Maxi Gómez après un feuilleton rocambolesque.
Mateu Alemany est-il un bon joueur de poker ? On aurait tendance à dire que oui. On serait surtout tenté de dire qu’il a carrément inventé le poker vu ses états de service à Valence depuis deux ans. En recrutant Maxi Gómez, le directeur général de Valence a offert à Marcelino son choix n°1 pour renforcer sa ligne d’attaque pour la saison 2019/2020. Une nouvelle fois, le Majorquin a additionné malice, patience et intelligence dans la transaction la plus complexe de sa période ché. L’orgueil a aussi fait partie de l’équation.
Gestionnaire de grande qualité, le boss du VCF sait aussi que le déséquilibre dans l’équilibre est devenu indispensable pour les projets sportifs. Dans le cas de Maxi Gómez, Valence avait un atout galicien dans sa manche pour mettre l’Uruguayen dans son panier.Il est principalement resté en position de force dans ce dossier car il a fait jouer son attractivité retrouvée, celle d’être un club en Ligue des champions. C’est l’un de plus beaux coups de l’histoire du club sur le marché des transferts dans sa conception, sa réalisation et son aboutissement. Seul le terrain dira si faire venir le joueur né à Paysandú était une bonne idée.
L’accord avec le Celta va permettre à Valence de ne débourser que 14,5 millions d’euros, plus 1,5 en bonus, pour s’attacher les services de l’international uruguayen dont la clause de départ était de 50 millions d’euros et pour qui le Celta ne voulait pas négocier à la baisse. L’autre partie de la transaction permet à Santi Mina de revenir au Celta, en mode rapatriement de ses locaux cet été, et le prêt de Jorge Saenz pour deux saisons.
Convaincre l’ancien de Tenerife d’aller se former en Galice a été le dernier obstacle à l’officialisation tardive de Gómez. Mais Valence était de toute façon prêt à rajouter de l’argent pour boucler le recrutement le plus important, d’un point de vue apport technique et profil, de son été. Après l’échec de la piste Pablo Sarabia à cause de prétentions salariales trop élevées – le joueur du Séville FC est finalement parti au Paris Saint-Germain qui lui a donné ce qu’il attendait – Valence et Alemany ne voulaient pas perdre Gómez qui était tout en haut de leur liste.

Maxi Gómez montage / Valencia Sports
Un transfert en trois actes
Le feuilleton Maxi Gomez, on parle ici d’un scénario de drame qui s’est transformé en thriller en bonne et due forme, a duré plusieurs mois. Il a fallu dans un premier temps mettre le transfert sur les rails. De février à juin, Valence et le Celta se sont mutuellement séduits pour continuer à faire des affaires ensemble et passer aux aveux sur leurs intentions estivales. Le mois de juin a servi à mettre les contours pour arriver en phase finale. Et c’est cette dernière qui a posé problème. Valence et le Celta sont tombés d’accord sur le transfert, plus le deal d’ensemble, le jeudi 4 juillet. Le joueur n’a été annoncé que le dimanche 14 juillet. Entre ces dix jours, le transfert a été donné pour conclu, puis tiède, puis perdu, puis tiède, puis à nouveau chaud, puis en stand-by, puis une réalité. Suivre le transfert de Maxi Gomez c’était comme vivre plusieurs vies dans une seule.
Ce n’est pas Maxi Gómez qui a posé un problème à Valence et au Celta, c’est l’agence qui gère ses droits, la toute puissante Stellar Group, agence multisports au rayonnement mondial, qui a fait valoir sa position. Cofondée par Jonathan Barnett, Stellar Group, qui dispose d’une antenne en Espagne dirigée depuis Madrid par le local Luis Alonso, a tout fait pour que l’attaquant n’aille pas à Valence et quitte la Liga pour la puissante Premier League, ses salaires très attractifs et ses commissions plus conformes aux attentes.
Troisième joueur le plus côté de leur listing derrière Saul Niguez et Gareth Bale, dont la valeur a dramatiquement baissée depuis un an, Maxi a toujours eu une valeur très importante aux yeux de Stellar Group. Valence et Alemany connaissent bien l’antenne espagnole de l’agence. Ils sont également en charge des intérêts de Daniel Wass, venu l’été dernier à Valence… en provenance du Celta Vigo. Stellar Group gère les intérêts de Sergi Gomez (ex Celta, maintenant à Séville), Roque Mesa, actuellement écarté du groupe à Sévilla avec Sergi Gomez, et en partance pour Galatasaray et Javi Manquillo, envoyé en Premier League en 2014. Comprenez : quand on évolue chez Stellar Group, on bouge beaucoup et souvent dans des championnats attractifs économiquement.
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Le transfert de l’ancien compère d’Iago Aspas au Celta a été bloqué pendant plusieurs jours – du jeudi 4 juillet au mardi 9 juillet – à cause des problèmes de commission, puis l’interférence de West Ham venu en désespoir clamer qu’il allait payer la clause de départ. Avant de changer de position en coulisses et de demander une transaction impossible à réaliser. Le club anglais voulait en effet payer la clause de départ en plusieurs fois, ce qui est impossible au vue de la règlementation de la Liga et du droit espagnol. Le dossier s’est terminé après l’ultimatum envoyé par la direction de Valence à tous ses interlocuteurs le lundi 8 juillet. C’est là que le club anglais a renoncé à son “undercut”.
Il a fallu plusieurs jours à Valence pour comprendre qu’il y avait un problème avec West Ham, qui apparaissait ici comme un mastodonte venu de nulle part. Un mastodonte de Premier League qui a réalisé plus de 175 millions d’euros de transferts depuis deux ans (ses 7 plus gros transferts ont tous été effectués depuis l’été 2017), sans jamais jouer la Ligue des champions, et qui n’a surtout jamais bien vendu (sa meilleure vente reste celle de Dimitri Payet à Marseille en janvier 2017 pour 29,3 millions d’euros). Il y avait bien un “loup” avec West Ham qui a fait un coup de bluff. C’est à se demander ce qu’est venu faire le club londonien dans cette galère. Il avait peut-être de quoi proposer un bon salaire à Maxi Gómez, mais il n’avait pas le projet sportif, ni la Ligue des champions, ni de quoi casser les bonnes relations diplomatiques entre le Celta et Valence. Santi Mina était un atout bien caché dans la manche de Mateu Alemany.
Maxi Gómez a toujours voulu aller à Valence
Selon les informations récoltées par Valencia Sports, les agents de Gómez ont fait pression sur le joueur pour qu’il choisisse West Ham afin der récupérer le manque à gagner sur son non-départ en Chine à l’hiver 2017. Le club du Beijing Guoan lui avait fait proposé un pont d’or – un salaire de 4 millions d’euros plus variables – pour qu’il rejoigne la Chinese Super League. Une offre refusée à l’époque car jugée inapte à sa progression en tant que footballeur. Une décision lourde de conséquence au niveau responsabilité car elle lui a obligé à accepter de recevoir de l’argent de Stellar Group pour compenser le manque à gagner en restant au Celta. Maxi Gómez avait été prolongé en février 2018 avec un salaire à la hausse et une différence versée par Stellar Group.
Deux ans après, et malgré les secousses de son transfert compliqué, qu’il a vécu en retrait depuis son Uruguay natale, le joueur de 22 ans a suivi sa logique, celle d’avoir un parcours et un début de carrière cohérents. Au point d’aller en confrontation directe avec Stellar Group. En allant à Valence, Maxi Gomez savait qu’il prenait un aller simple pour intégrer un club d’importance, en voie de guérison, et la Ligue des champions. La compétition étoilée le fait rêver lui qui a déjà joué une Coupe du monde avec la sélection d’Uruguay en 2018. Mais c’est un point de passage obligatoire pour devenir le successeur de Luis Suarez et Edinson Cavani avec la Céleste. C’était Valence ou rien pour le buteur et ses représentants ont bien compris le message.
Marcelino avait besoin de Maxi Gomez, car il n’avait plus d’attaquant au profil “pesant” depuis le départ de Simone Zaza, et Maxi Gomez avait besoin de Valence pour passer un cap sportif à 22 ans. Il sera indéniablement l’attraction sportive de la saison à venir du VCF et la pièce manquante d’un secteur offensif en évolution. C’est ce secteur du jeu qui avait donné de l’urticaire à Marcelino la saison dernière avec les intégrations très compliquées de Kevin Gameiro et Michy Batshuayi à un système plus complexe qu’il n’y paraît. Mal réglée, la machine Valence avait beaucoup toussé au point de diriger le VCF vers un mur à cause de problèmes nés en pré-saison. Un peu moins d’un an après, les leçons ont été retenues. Malgré la complexité de son cas, Gómez a signé son contrat avant la mi-juillet, ce qui apparaît comme un petit miracle. A tout problème, une solution dans le Valence de Mateu Alermany. Même avec ce marché déréglé auquel il faut s’adapter.
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[…] peut déjà compter sur les deux recrues principales du mercato, à savoir Jasper Cillessen et Maxi Gómez. Une donnée très importante et en totale opposition avec la dernière intersaison, plus complexe […]