Vente de Rodrigo, relation Alemany-Marcelino et Lim brisée : la crise revient à Valence

Encore plongé dans de fortes secousses, avec l’annonce par la presse espagnole nationale et locale de la vente de Rodrigo Moreno à l’Atlético de Madrid, le projet du Valencia Club de Futbol prend encore plus plomb dans l’aile. Voici ce qu’a pu savoir Valencia-Sports sur la situation.
Que s’est-il passé à Singapour le vendredi 2 août dernier ? Après avoir confirmé qu’un consensus pour le nouveau modèle de la direction sportive avait été trouvé par Peter Lim, le propriétaire de Valence, et Mateu Alemany, le directeur général, le Valencia Club de Futbol a recommencé à fortement tanguer depuis 48h. Et encore une fois ce sont ses arcanes coupées en deux – entre la partie espagnole et la partie Meriton – qui ont vu leurs manières de fonctionner ne pas trouver grâce chez l’autre. Un peu moins de quinze jours après la semaine de tous les dangers, Valence n’a pas cicatrisé. Et les discussions du meeting de la dernière chance ont soit été un feu de paille, soit devenues une réalité. Mais une réalité qui des allures de cauchemar. Rien n’est fait dans un bon timing.
Rodrigo Moreno : un départ qui sent le poisson pas frais
Si on ne peut pas parler de crise à l’heure actuelle, on peut évoquer sans se tromper d’un bon séisme de magnitude 6 au sein du club. La cause de ce tremblement de terre est la vente à venir de Rodrigo Moreno à l’Atlético de Madrid. Une vente dont les prémices sont remontés en fin de semaine dernière, puis lundi avec l’annonce par la Cadena SER d’une volonté de départ de R19. Une information qui est allée à l’encontre du souhait exprimé par le joueur de ne pas quitter Mestalla. Redouté par beaucoup, et principalement par Marcelino et son staff technique, le départ de l’attaquant est devenu inéluctable.
Cette décision de vendre l’international espagnol est directement venue de Singapour, par décisions et action de Lim. Le propriétaire du club semblait être le dernier obstacle à une nouvelle saison de R19 au VCF et il a sonné la fin du bal le lundi 12 août. A ses prémices il y a encore 48h, l’accord entre les deux parties n’a été trouvé que tard durant la soirée de lundi. Venu chercher ses affaires mardi à Paterna, Rodrigo a fait ses adieux à ses coéquipiers, au staff, aux employés et a récupéré toutes ses affaires. La presse locale a d’ailleurs souligné un fait anodin : l’Espagnol s’est rendu au centre d’entraînement avec sa voiture personnelle et non celle prêtée par le club.
Le départ à venir de Rodrigo, pièce maîtresse de la ligne d’attaque du 4-4-2 de Marcelino, a été très mal vécue en interne par la partie espagnole du club selon les informations de Valencia-Sports. Et principalement par les garants du projet – le triumvirat Mateu Alemany, Pablo Longoria et Marcelino. Valencia-Sports est également en mesure de confirmer que Marcelino a particulièrement très mal pris le départ de Rodrigo. Car l’Asturien a effectué toute la pré-saison avec l’équipe avec la même envie et détermination qui l’a toujours caractérisé. Pas convaincu pour aller au Napoli ou à Everton, qui ont formulé chacun une offre officielle, le joueur a refusé les avances venues hors d’Espagne avant d’accepter celle de l’Atlético.
A l’heure actuelle, on ne sait pas si la proposition de jouer à l’Atlético a pleinement convaincu Rodrigo de changer de crèmerie, ou si Singapour lui a ordonné de quitter le club afin de récupérer des liquidités sur un transfert qui a été sans cesse repoussé au fil des mois. Le timing de son départ, à quatre jours de commencer la Liga face à la Real Sociedad, a été très mal perçu par le staff technique et surtout les joueurs.
Touchés par le départ de leur coéquipier et surtout ami, les joueurs de l’équipe première de Valence ont d’ailleurs passé un sale moment durant la journée de mardi. Beaucoup s’interrogent et surtout ne comprennent pas son départ qu’ils considèrent comme subit, alors qu’il avait toujours clamé son envie de continuer à Valence, où il est un titulaire indiscutable. Un statut qu’il n’aura pas à l’Atlético, même si Diego Simeone a poussé pour le récupérer.
Pas encore parti car il faut que l’Atlético récupère l’argent pour payer le transfert – d’un montant de 55 millions d’euros + 5 à 10 en variables accompagné d’un retour de 20% sur une future vente – Rodrigo est encore un joueur de Valence pour quelques heures. Son départ est lié à celui d’Angel Correa à l’AC Milan. Le géant lombard est celui qui va mettre en marche l’opération à trois bandes imaginée par Jorge Mendes. Le super agent portugais est bien derrière tous ces mouvements.
Voir notre Podcast “Le café crème de Valencia Sports ” sur Rodrigo Moreno
La direction sportive ne comprend plus Lim
Le choix de vendre Rodrigo n’est pas du tout passé au sein de la direction sportive du club et Marcelino. L’Asturien, qui a quitté la séance d’entraînement de mardi, avec son adjoint Ruben Uria, s’est réuni lors de la mi-journée avec Mateu Alemany et Pablo Longoria afin d’évoquer la suite des événements et trouver un remplaçant – au moins numérique – à Rodrigo. Une opération qui s’annonce compliquée car il est impossible de connaître les intentions de Peter Lim quant à un investissement total ou partiel de la somme que va recevoir le club.
Malgré le soit-disant consensus trouvé dans la manière de fonctionner, la direction technique ne se sent plus écoutée par Peter Lim, dont le réveil brutal à la mi-juillet, suivi d’un retour aux manettes épidermique, est encore un mystère. Alemany et Longoria avaient notamment travaillé sur un plan spécifique de recrutement et une feuille de route pour le mercato estival et avaient soumis leur plan d’action à Lim au mois de mai dernier. A l’époque, le magnat avait validé cette feuille de route qui comprenait les achats entres autres – de Denis Cheryshev, Maxi Gomez, Rafinha et Victor Laguardia et d’Ayoze Pérez en cas de départ de Rodrigo. Ce plan mercato a été rendu caduque, ce qui laisse penser au pire quant à la suite et fin du mercato, surtout au moment de trouver un remplaçant à Rodrigo (numérique, poste pour poste ou renfort offensif).
Au centre de toutes les attentions, il y a évidemment Jorge Mendes. L’incontournable agent portugais, à la baguette sur le cas Rodrigo, s’est plaint auprès de Peter Lim de sa relation étroite avec Mateu Alemany, qui a refusé la plupart des joueurs qu’il a proposé depuis plusieurs mois et fini par bloquer la vente de Mouctar Diakhaby (et empêché le retour de Nicolas Otamendi, ce qui aurait été une opération économique de mauvaise facture pour Valence). Le boss de Gestifute n’est pas le seul à avoir lassé du monde. L’AS Monaco, qui fonctionnait avec lui depuis 2013, a cessé pour le moment d’incorporer des joueurs de son agence par décision de nouveau président Oleg Petrov, qui n’a apprécié les conditions du deal d’André Silva, recalé après des désaccords financiers.
Effacé depuis son retour de Singapour, sauf mardi où il a répondu aux journalistes concernant Rodrigo, Mateu Alemany est en position d’action-observation. Pour Marcelino, lui, la plaie est béante et chaque jour qu’il passe sépare l’Asturien de Valence (sur le long terme). Surpris et échaudé par la quasi destitution de Mateu Alemany fin juillet, il n’avait pas hésité à critiquer ouvertement le retournement de situation dans la façon de gérer le club par Lim. L’entraîneur de Valence considère actuellement qu’il n’est plus aux commandes du projet qu’on lui a vendu il y a deux ans. Et que ni lui, ni les personnes responsables de son arrivée n’ont les pouvoirs donnés au début du projet.
Le sentiment qui traverse l’esprit de la désormais célèbre double M (Mateu-Marcelino) est que leur arrivée en 2017 aux commandes d’un Valence au bord du chaos n’a été qu’un vulgaire plein d’essence pour une voiture en rade. Les deux hommes ont de plus en plus l’impression d’avoir été utilisés. Mais utilisés de la mauvaise manière. La sensation qui prédomine est que Lim utilise Valence comme une usine. Une entreprise dont le grand patron vient annoncer la fermeture après deux années de chiffres records, sans explication rationnelle. Le milliardaire a le changement d’humeur trop radical.
Les deux hommes vont-ils partir à court terme ? Toute la question est là. A force d’avaler des couleuvres, de voir leur projet se faire piétiner, même en ayant connaissance de cause que Lim est un décisionnaire ultime et qu’il est le propriétaire de Valence, la possibilité d’un claquement de porte n’est pas à exclure. Mais si les deux hommes sont toujours là au 14 août, fort probable que ce soit le cas le 3 septembre. Par contre, le 1er juillet 2020, Valence devra probablement reconstruire toute sa cellule de recrutement, trouver un directeur sportif, trouver un coach et un staff technique et probablement de nouveaux joueurs. Car le Valence de Marcelino, celui qui a gagné le premier titre du club depuis onze années, va disparaître dans quelques mois. Pourvu qu’un nouveau séisme ne vienne pas l’achever plus tôt.

Photo équipe 2019-2020 / Crédits photo : valenciacf.com
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